598,54 euros : ce chiffre ne s’improvise pas. Il ne découle pas du hasard ni d’une obscure méthode de calcul. C’est la frontière légale entre la précarité et la survie minimale, le seuil que toute banque doit respecter, même sous la pression la plus insistante d’un créancier.
Qu’est-ce que le SBI ?
Le solde bancaire insaisissable, plus couramment appelé SBI, correspond à la somme plancher à préserver sur votre compte bancaire. En cas de saisie, qu’elle provienne d’un créancier déterminé ou du Trésor Public via un avis à tiers détenteur, la banque ne peut pas tout prélever. Elle doit vous laisser de quoi subsister, une réserve qui ne peut être touchée. Ce filet de sécurité s’applique même en cas de dettes fiscales ou de non-versement de pension alimentaire.
Sans intervention de votre part, l’établissement bancaire est tenu de laisser ce montant à disposition. Impossible pour lui de faire l’impasse : il doit aussi vous informer du solde qui reste libre. Si une nouvelle saisie intervient dans le même mois, le principe ne change pas : ce minimum vital doit être maintenu.
Mais un détail compte : le SBI n’est pas additionné à d’autres sommes insaisissables, telles que les allocations familiales. Si vous touchez une créance insaisissable supérieure au RSA, c’est ce montant plus élevé qui s’appliquera. Dans le cas contraire, la banque retient la référence du RSA.
Pourquoi un SBI fixé à 598,54 € ?
En pratique, le SBI correspond aujourd’hui à la somme forfaitaire du Revenu de Solidarité Active (RSA) pour une personne seule. Peu importe la composition familiale ou les personnes à charge : cette règle s’applique dans la limite de ce que votre compte présente au moment de la saisie. Depuis la revalorisation du 1er juillet 2022, le SBI est ainsi passé à 598,54 €.
Cette évolution ne s’est pas décidée en coulisse : elle accompagne la hausse du RSA, reflet direct de l’inflation qui grignote chaque mois un peu plus le pouvoir d’achat. L’article 9 de la loi sur le pouvoir d’achat a fixé une revalorisation annuelle des prestations sociales, avec un taux de 4 % appliqué, pour que le SBI suive le mouvement.
Cet argent n’a pas vocation à dormir sur votre compte. Il doit vous permettre d’assurer vos dépenses du quotidien : courses, règlement des factures d’eau ou d’électricité, achats de première nécessité. Mais attention, ce montant n’est crédité qu’une seule fois par mois. Un conseil : surveillez vos dépenses, car une fois la réserve épuisée, la banque ne la reconstituera pas avant le mois suivant.
Le SBI agit comme un garde-fou. Il ne promet pas le confort, mais garantit de ne pas se retrouver sans rien du jour au lendemain. Un filet, tendu au-dessus du vide, dont la valeur suit le cours mouvementé de l’époque. Qu’adviendra-t-il si les prix continuent de s’envoler ? La question reste entière, et la réponse, elle, se jouera sur les relevés bancaires de millions de Français.

